INTRODUCTION DU THE EN EUROPE

« Les Britanniques ont un cordon ombilical qui n'a jamais été coupé et à travers lequel le thé coule constamment. »
Marlene Dietrich

 

PREMIERS CONTACTS


L'Europe de la Renaissance entend parler du thé à travers les écrits des premiers missionnaires occidentaux et des voyageurs portugais, à commencer par Marco Polo.
C’est depuis le Japon dès 1543 et le comptoir de Macao dès 1556 que les Portugais importent le thé en Europe. Ils perdent rapidement leur monopole en faveur des Hollandais. Le thé arrive aussi par la route de la soie par la Chine en Russie et dans les pays limitrophes.
Le premier transport de thé par les Hollandais de la Compagnie des Indes orientales est fait vers 1606, mais la consommation du thé en Hollande est mentionnée pour la première fois en 1637. « Comme le thé commence à entrer en usage chez certaines personnes, nous en attendons quelques jarres de Chine ou du Japon sur chaque vaisseau », écrivent les directeurs de la Compagnie des Indes orientales. Le thé est consommé avec beaucoup de sucre dès son arrivée en Europe.
Il devient rapidement populaire en Hollande, en particulier parce qu'il est prescrit par les médecins pour combattre la migraine, les aigreurs d'estomac et les problèmes de digestion. Nicolaes Tulp est accusé de prescrire le produit pour soutenir le commerce de la Compagnie des Indes orientales. De plus, le thé est une alternative intéressante à l'eau, présentée comme ayant très mauvais goût par les voyageurs français, et au tabac, déjà utilisé comme excitant.

 

EXPANSION EUROPEENNE


La première référence connue au commerce du thé en Angleterre se trouve dans le post-scriptum d'une lettre d'un commerçant anglais à son agent à Macao, datée du 27 juin 1615. En 1657, on trouve le thé jusqu'en Saxe, les droguistes de Nordhausen le mettent sur les listes de prix. Au milieu du siècle, en France et en Angleterre, le thé rencontre des détracteurs mais séduit les hommes d'Etat, les courtisans et les médecins.
Le thé semble avoir commencé à apparaître vers 1636 à Paris, mais gagne en popularité seulement sous Mazarin. Lui-même en prend pour se prémunir de la goutte. En 1684, Madame de Sévigné affirme en prendre tous les matins comme tonique, mais le prix du thé reste trop élevé pour le peuple. Elle critique l'habitude de Madame de la Sablière, qui ajoute du lait à son thé.
La première vente publique de thé en Angleterre est effectuée en 1657 par Thomas Garraway, qui insiste sur ses vertus médicales mais s'attache aussi à populariser un régime alimentaire sain en remplaçant l'alcool par le thé. À partir de 1662, date qui correspond au mariage du roi d'Angleterre Charles II et de la princesse portugaise Catherine de Bragance, l'habitude de prendre le thé devient populaire. En 1663, la Compagnie britannique des Indes orientales s'intéresse à son tour à l'importation du thé, et en août de la même année, le roi Charles II en reçoit en cadeau. Le fournisseur majoritaire de thé de l'époque reste la Hollande : les navires hollandais le récupèrent au Japon, à Nagasaki, et les Anglais profitent des liaisons hollandaises sans avoir de relations directes avec la Chine.
En 1706, Thomas Twining, commis d'un marchand de thé, fonde la coffee-house de Tom dans Devereux Court, près de Temple bar à Londres. Il se spécialise en thé, et onze ans plus tard, Twining ouvre une boutique, The golden Lyon, où il vend le thé sec et le café pour les consommateurs. Les femmes, interdites d'entrée au coffee house, sont accueillies dans la boutique où elles peuvent boire une tasse de thé pour un shilling.
À la fin du siècle, le thé et le café sont plus importés que le poivre. La consommation est essentiellement britannique, bien que les principaux importateurs soient encore hollandais. La Chine, forcée d'augmenter énormément sa production pour l'exportation mais aussi pour accommoder le triplement de sa population en moins d'un siècle, commence à voir la qualité de son thé baisser au profit de la quantité. En particulier, le thé Boui est « un mélange grossier de toutes espèces de feuilles prises sans distinction, il suffit qu'elles soient susceptibles de se tortiller et de prendre une couleur approchant de celle du vrai thé ». Le commerce se concentre à Canton, et les britanniques essaient de ne pas payer toujours en argent, mais parfois en lainages anglais, en coton indien, et plus tard avec de l'opium. Les Hollandais échappent en partie à la contrainte du paiement en argent exigé par la Chine grâce à leur relais de Batavia, et les Anglais suivent leur exemple avec les ports indiens.


(c)PhA 2022, sources: https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_thé